Hommage à Mme Marcelle GONTHIER
Hommage à madame Marcelle Gonthier Couture, composé et lu par son fils Germain, en l'église de Val-Brillant, le mercredi 4 septembre 2024, jour de la célébration commémorative. Merci à vous tous d’être venus rendre un dernier hommage à maman, Marcelle Gonthier. Comme cela a été le cas de la plupart des femmes mariées de son époque, maman a aussi porté le nom de son époux. Ainsi, elle s’est aussi appelée Madame Antoine Couture pendant quelques années. Maman est née à Ste-Irène, au printemps de l’année 1926. Elle était l’aînée de sa famille de onze enfants. À ce que je l’ai entendu raconter, j’ai compris qu’avant même d’avoir ses enfants à elle, elle s’était déjà pratiquée à prendre soin de ses plus jeunes frères et sœurs. Quand j’ai cherché les mots les plus importants pour décrire maman, le premier qui m’est venu à l’esprit est l’amour. Maman aimait. Elle aimait beaucoup papa, son époux. Mais je considère aussi que maman était amoureuse de la vie. Même si cette vie n’a pas toujours été facile pour elle. Nous sommes présentement trois de ses enfants vivants, qui avons reçu son amour qui nous a été dispensé avec bonheur. Mais maman a aussi mis au monde trois autres enfants décédés en bas âge. Jacinthe, Yolande et Thérèse ont-elles aussi reçu l’amour de maman et de papa. Donc, des moments de bonheur à travers la maternité mais aussi des moments de grande douleur dans la perte de ses toutes jeunes petites filles. Maman aimait. Elle aimait la vie. Elle aimait la nature. Elle vivait à la campagne; je ne l’ai jamais entendu s’en plaindre. Peut-être qu’elle l’a fait mais je ne l’ai jamais entendu. À la campagne, une de ses occupations préférées était la cueillette des petits fruits. Je pense que c’était une de ses occupations préférées parce qu’elle en a cueilli beaucoup beaucoup de petites fraises de champ, de framboises et de bleuets. Nous, ses enfants, avons passé plusieurs heures avec elle à cueillir des petites fraises pendant que Princesse, notre chienne, gardait fidèlement et fièrement le seau dans lequel nous accumulions la récolte. Maman faisait de ces petits fruits, année après année, de délicieuses confitures qui faisaient office de dessert avec les gâteaux qu’elle préparait. Son autre occupation estivale était la tenue du jardin où on trouvait tous les légumes pour assurer les provisions pour l’hiver et jusqu’aux prochaines récoltes. Il y avait trois parties au jardin. Une première consacrée aux pommes de terre. Ça, c’est principalement le territoire de papa. Une deuxième partie était pour les fraises de jardin dont on faisait aussi la vente, surtout pour les gens du village. Enfin dans la troisième partie on trouvait tout le reste des légumes. Maman était fière de son jardin. Elle en prenait grand soin. Un soin que je qualifierais de méticuleux. Un jour un visiteur avait fait la remarque : « Vous êtes bien chanceuse! Il ne pousse pas de mauvaises herbes dans votre jardin. ». Ça avait nettement insulté maman. Je ne sais pas si elle le lui a fait savoir. Ce que je sais c’est qu’elle a souvent raconté cette histoire par après en nettoyant ses rangées de légumes. Maman aimait jardiner. Mais pas seulement ça. Maman était une fermière. Une fière fermière. Fière du travail accompli tout au long de sa vie de fermière. Il y avait les poules, les vaches, les cochons. Maman a participé, selon les époques à toutes les activités de la ferme. Je ne suis plus certain de quel âge j’avais, probablement 3 ou 4 ans. Je restais assis à côté de la clôture regardant papa assis sur son tracteur et maman assise sur la moissonneuse faisant le tour du champ. Maman m’envoyait la main à chaque tour. Je suis certain qu’elle avait souvent un œil sur moi. Peut-être pour ça que je portais un béret rouge; pour être bien visible. Une fois que ses enfants eurent quitté la maison familiale, maman a assumé toujours plus de tâches, secondant papa dans toutes ses activités. Les besognes du matin et du soir, les semences et les récoltes de foin et de grains, la coupe du bois de chauffage et son entreposage pour l’hiver. Maman était de toutes les activités. Le temps de sa vie avec papa, je n’ai pas vu souvent maman ne rien faire. Elle avait toujours de l’ouvrage été comme hiver. Lorsque l’époque des travaux extérieurs se terminait, maman travaillait encore : tricot, tissage, couture, crochetage. Maman aimait ces travaux-là. En tout cas, j’espère qu’elle les aimait. Parce qu’elle en a tricoté des paires de mitaines et des paires de bas. Je ne m’aventurerai pas à en évaluer le nombre. Je pense qu’elle a fait ça toute sa vie, du moment qu’elle a pu tenir des broches à tricoter jusqu’au moment où ses doigts n’en étaient plus capables. Parce qu’elle en a tissé des catalognes, des napperons de table et des couvertes de laine. Encore une fois, je ne peux en dire le nombre. Mais, vous devez me croire, elle en a fait beaucoup. J’espère qu’elle aimait ça !! À ce que je me rappelle, au moins une douzaine d’hiver pendant lesquels maman se mettait à l’ouvrage. L’ourdissoir à l’étage pour préparer les chaînes de coton, le métier à tisser dans le salon. Nous, nous disions « la salle » parce que c’était la plus grande pièce de la maison. Les tas de coton et autres tissus à découper posés sur la table et maman toujours à l’œuvre. Parce qu’elle en a crocheté des tapis et elle en a cousu des courtes pointes. Tout ça, oui pour les besoins de la famille bien sûr. Mais maman en vendait aussi une bonne quantité. Maman était fière de ses productions. Maman aimait le travail bien fait. Oui, c’était une fière fermière. Je dis fière mais surtout pas dans le sens d’arrogance. Vraiment dans le sens d’avoir de la fierté, un amour-propre bien dosé. Parce que maman était d’une nature plutôt humble. Elle ne cherchait pas à s’afficher. Elle préférait plutôt demeurer discrète. Elle laissait la prise de parole en public davantage à son époux. Maman aimait beaucoup papa. Le décès de papa, en 1998, a encore une fois amené des moments douloureux dans la vie de maman. La perte subite de son mari lui a été d’une grande tristesse. Tout comme pour nous, ses enfants. Maman avait tout près de 72 ans. Papa avait 14 années de plus. Maman devait continuer sa vie sans lui. Maman aimait beaucoup. Elle était capable de beaucoup d’amour. Il y en a eu d’autres dans sa vie après le décès de papa. Maman aimait la vie. Il faut dire qu’elle aimait bien les hommes. Pas nécessairement juste l’Homme avec un grand H. Elle aimait bien la présence d’hommes autour d’elle. Cela s’est manifesté tout au long de sa vie. Même jusqu’au cours des deux dernières années de sa vie, passées en CHSLD, au centre Marie-Anne-Ouellet. On nous a souvent rapporté que lorsqu’une infirmière ou une préposée aux bénéficiaires avait des difficultés avec maman, on n’avait qu’à faire appel à un infirmer ou un préposé et maman devenait soudainement collaboratrice. Nous avons souvent été témoins, ma sœur, mon frère et moi des grands sourires destinés aux hommes qui prenaient soin d’elle. Soit dit en passant ici : Nous tenons vraiment à souligner la grande qualité des soins portés à maman lors de son séjour dans son dernier milieu de vie. Les hommes et les femmes qui travaillent au Centre Marie-Anne-Ouellet sont d’une bienveillance et d’un humanisme hors du commun. Nous voulons sincèrement remercier toutes ces personnes qui ont si bien pris soin de maman jusqu’à son dernier souffle. Oui vraiment, maman aimait. Elle aimait tout ce que je viens de décrire. Mais elle aimait aussi son Dieu. Après « Amour », le deuxième mot qui m’est venu à l’esprit en préparant cette allocution est « Piété ». Maman était une personne pieuse. Tout comme l’a été papa. À la maison, la prière faisait partie du quotidien. La prière du soir, tout le monde à genoux dans la cuisine face à la grande croix qui trônait au mur. Papa qui récitait les actes, de foi, d’humilité, de contrition. Je ne suis plus capable de tous les nommer et je ne m’essaierai pas à en réciter un. Maman avait toujours un chapelet pas très loin. Elle épinglait une médaille de St-Joseph ou de Marie à ma camisole quand j’allais à l’école. Mais je n’ai pas voulu continuer ça rendu au secondaire. Je pense que la prière a pris une place encore plus importante dans sa vie après le décès de papa lorsqu’elle est devenue seule. À ma connaissance, elle priait de plus en plus souvent. Elle me racontait pour qui elle priait. Elle priait pour nous ses enfants, aussi pour ses petits-enfants qu’elle aimait aussi beaucoup et qu’elle avait plaisir à voir arriver en visite. Elle priait pour les conjointes et conjoints de ses enfants et aussi de ses petits-enfants; même s’il y en a qu’elle n’avait jamais rencontrés. Elle priait pour ses frères et sœurs, ses beaux-frères et belles sœurs. Bref, je pense que maman priait pour tous ceux qu’elle aimait de même que pour leurs proches. Maman a aimé toute sa vie. Elle a prié toute sa vie aussi. Je ne sais pas à partir de quel moment elle a eu en sa possession un recueil de prières qu’elle lisait régulièrement. En fait, le livre est tellement usé que j’imagine qu’elle a dû le lire souvent. Ce recueil fait 375 pages. Il s’intitule « Mon rendez-vous avec le Seigneur ». Il a été imprimé au milieu des années 1980 et publié par les sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe. Pendant que j’accompagnais maman, la veille de son décès, j’ai retrouvé ce recueil de prière dans un tiroir. En parcourant la table des matières, j’ai vu qu’une des prières, vers la fin du livre s’intitulait « Ma dernière prière ». J’ai été ému d’en lire le contenu qui reprenait en 4 petites pages tout ce en quoi maman croyait, ce en quoi elle avait foi : le Seigneur Jésus, la Sainte Trinité, Marie mère de Jésus, Saint-Joseph, l’Ange Gardien etc. Lorsque ma sœur est arrivée au chevet de maman, j’ai lu cette prière à maman. J’en reprendrai ici quelques lignes : " Seigneur, voici la dernière prière que j’aimerais t’adresser avant de quitter cette terre alors que tu m’appelleras chez-toi. Je reconnais ton grand amour pour moi. Malgré mes péchés, crois-moi, je t’ai aimé, j’ai cru en toi. Père, Fils et Esprit Saint, Trinité Sainte, je vous adore et j’unis mes louanges aux louanges des anges et des saints dans le ciel. Esprit Saint, tu es lumière et force sur mon chemin, conduis-moi jusqu’à la mystérieuse rencontre au seuil de l’Éternité. Seigneur, c’est ton enfant qui arrive chez-toi. Amen." La foi de maman, ses valeurs, son amour pour les siens resteront maintenant gravés dans nos mémoires. Merci maman pour tout ce que tu as pu nous apporter en amour, en don de toi-même, à nous tes enfants, tes petits-enfants, tes frères et sœurs, tes neveux et tes nièces et à tout ton entourage au cours de ta vie. Merci à toi, amour de maman !!!
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